📍 Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
👨🏫 Cours d’informatique appliquée à l’histoire (L3 Histoire)
📆 2009-2010
Diagnostic
Les cours d’informatique appliquée à l’histoire ont lieu dans des salles d’informatique. Les moniteurs font écran entre les étudiants et l’enseignant. Les logiciels installés sur les ordinateurs favorisent la prise de notes « au kilomètre », une pratique passive et distraite, qui n’assure aucunement l’assimilation des connaissances. Au-delà des nécessités immédiates du cours, la prise de notes est un savoir-faire précieux pour des étudiants qui seront bientôt des chercheurs et des enseignants.
➡️ Installer une pratique active et réfléchie de la prise de notes.
Conception
L’arrangement des salles d’informatique ne peut pas être modifié. L’hypothèse d’un TD dédié à la prise de notes a été rapidement écartée, au profit de la mise en place d’un outil imposant des pratiques actives et collaboratives, dont les différentes facettes seront explorées au fil du semestre de cours. La théorie pourra ainsi être immédiatement mise en application, et la pratique invitera à un travail réflexif sur les outils de l’historien.
La reformulation et la synthèse sont des étapes importantes dans le processus d’assimilation des connaissances. Ces mécanismes peuvent-ils être activés à l’échelle d’une classe ? Le travail collaboratif pour compléter des notes, ajouter des sources ou apporter des éléments multimédia peut être conçu comme une modalité d’appropriation du contenu de cours. Il permet aussi d’introduire les pratiques sociales de la recherche.
➡️ Acquérir les compétences pratiques d’une prise de notes efficace et les compétences sociales du travail collaboratif.
Développement
L’application Google Wave, présentée en mai 2009, est construite autour du concept de waves, qui sont « tout autant des conversations que des documents ». Une wave peut être vue comme une note collaborative pouvant être éditée en temps réel et enrichie de blips. Les blips peuvent contenir des images et des vidéos, mais aussi des cartes, des sondages, ou encore des tableaux blancs.
Les waves peuvent être connectées entre elles pour former une sorte de wiki, qui peut être mis à disposition d’un petit groupe de collaborateurs, ou bien être rendu complètement public (en lecture seule). Les waves sont une sorte de méta-objet renfermant son propre historique. La fonctionnalité Playback permet de rejouer la construction de la wave, de retracer les interventions des participants, et même de restaurer une version antérieure.
Ce dispositif ouvre des possibilités intrigantes de prise de notes collaborative. La wave peut être affichée sur l’écran de l’enseignant, voire sur le tableau numérique, pour favoriser la discussion. Les écrans peuvent ainsi faire miroir. Google Wave a été lancé en version alpha au début de l’année universitaire : les étudiants des groupes concernés doivent demander une invitation. Ce dispositif sera éprouvé par deux enseignants vacataires, le reste de l’équipe continuant d’utiliser les méthodes habituelles.
➡️ Utiliser Google Wave comme bloc-notes collaboratif.
Évaluation
Les étudiants ayant utilisé Google Wave sont généralement satisfaits, mais il est difficile de mesurer une différence statistiquement significative sur la notation. Le travail collaboratif a permis d’instaurer une ambiance favorable à la discussion et de limiter les comportements passifs, sans toutefois complètement les éliminer. La pratique de l’outil a fourni un parfait sujet de raisonnement réflexif, qui a pu être étendu facilement à d’autres outils informatiques. L’heure consacrée à la mise en place de Google Wave a donc été plus que compensée par le temps gagné sur la compréhension de certains aspects théoriques. Google a malheureusement décidé d’arrêter le développement de Wave en aout 2010.
Avec le recul… Les étudiants se sont emparés des suites bureautiques dans le nuage pour organiser des formes de prise de notes collaboratives. Ces pratiques sont parfois ignorées des enseignants, et même lorsqu’elles sont connues, elles sont rarement encadrées. Lorsque ces outils sont utilisés pour organiser des « permanences » ou des « rotations », pendant lesquelles une poignée d’étudiants prend des notes pendant que les autres vaquent à d’autres occupations, elles réduisent l’appropriation du cours et augmentent les comportements passifs. La question de la pratique des outils informatiques en salle de classe reste ouverte.

